« Je suis libre parce que je n’ai jamais cessé de courir ». Prémonitoires, ces paroles laissent paraître la force et le tragique de la vie de ce guitariste hors du commun. Dans sa biographie, parue chez Gallimard Folio Biographie, Franck Médioni retrace la trajectoire fulgurante que la météore Hendrix a effectué sur cette terre.

Né le 27 novembre 1942 à Seattle, le petit « Buster » – tel que le surnommera sa tante – ne passe pas une enfance facile. La pauvreté dans laquelle baigne son quotidien, l’alcoolisme de ses parents et leurs problèmes de couple ne rendent pas sa vie facile. Pourtant, celui-ci fait preuve d’un enthousiasme, d’un humour et d’une joie de vivre que personne – semble-t-il – ne peut entamer.

Il va fréquemment voir des concerts d’Elvis Presley. Mais, n’ayant pas l’argent pour se payer une place, il est contraint d’assister aux shows du King du haut d’une colline avoisinante. Qu’importe, son jeu de scène le fascine et l’influencera tout au long de sa carrière.

Après le décès de sa mère, il partira à l’armée ou il aura l’occasion de former son premier groupe. Démobilisé, échappant ainsi à la guerre du Vietnam, le jeune Jimi entamera une tournée des bars et autres clubs, à partir de Nashville, en compagnie d’autres musiciens noirs. Au cours de cette période, il sera durement confronté au racisme. Quelque temps après, il se fait engager par Little Richard en tant que guitariste. De l’influence de la star, il tirera ses moustaches et son goût prononcé pour le rock’n’roll.

Mais, déjà, je suis allé trop loin. Et je me garderais bien de vous dévoiler la teneur d’une vie aussi majestueuse en seulement 1500 signes. Profitez plutôt des 348 pages. Ce ne serait pas rendre justice au biographe, et encore moins au musicien. Néanmoins, ce que votre serviteur peut vous conseiller serait d’entamer la lecture de ce livre tout en écoutant les albums de Jimi : Are you Experienced ? (1967) , Axis : Bold As Love (1968) et enfin Electric Ladyland (1968).

Après 30 minutes, vous devriez commencer à ressentir les effets suivants : compréhension cosmique des sauts, des détours, des impasses et des fulgurances de la vie du génial musicien. Relaxez-vous, et ne soyez pas déstabilisés par les multiples déplacements dans les sphères historiques, sociologiques, chimiques, littéraires et musicales. Ils ont pour but de faciliter et de renforcer votre immersion dans l’œuvre. Il se peut que vous rencontriez des grandes figures des années 60 comme Bob Dylan, Mick Jagger, Georges Harrison, Janis Joplin et Miles Davis. Ne vous alarmez pas, n’ayez pas peur, ce ne sont pas des hallucinations. Ces gens sont là parce qu’ils ont connus Jimi Hendrix personnellement, il est donc naturel que vous les connaissiez à votre tour.

Votre voyage vous emmènera de Seattle à Toronto, puis à Woodstock, à Monterey, sur l’île de Wight. Et enfin, retour à Seattle pour dire en revoir à Jimi. Il y aura des hauts et des bas durant cette odyssée. Il se peut qu’une grande peine suive une grande joie. Mais rappelez-vous qu’au-dessus de tout ça, il n’y a que la musique qui domine, solaire, intemporelle, colorée, électrique.

« Je vécus, étincelle d’or de la lumière nature » dira Rimbaud dans Une saison en enfer. Approcher la vie du musicien par l’intermédiaire de son biographe permet de prendre toute la mesure de cette phrase. Lisez Médioni : vivez Hendrix.

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