Aux journalistes qui lui demandaient quel type de message il voulait transmettre dans ses films, John Ford avait l’habitude de dire la chose suivante :
« si je veux délivrer un message, je le fais par la Poste, et non par le cinéma ».
Mais on aurait tout aussi bien pu attribuer le mot d’esprit à John Cassavetes, tant le même souffle guide les deux filmographies. La vie, toujours la vie, se suffit à elle-même et n’a pas besoin d’une morale qui vienne se surexposer à son éclat. Cela ne viendrait que le ternir. La vie, dans ses tristesses, ses coups de gueule, ses erreurs et ses butées peut paraître insatisfaisante, pas finie. Et alors ? Et alors ? La colère a une beauté qu’on ne peut lui dénier, les larmes aussi. Couper dans le gras de l’existence pour n’y prélever que les tendres morceaux, ce serait en oublier le cœur et le foie qui sont les morceaux les plus savoureux.
Voilà Cassavetes ! Avant lui « The Misfits », Jean Renoir ou encore Franck Capra qui furent le ferment dans lequel bouillonna son génie. Ray Carney, dans l’un des articles, restitue la vérité historique de sa réception et en balaie les fausses croyances propagées par l’establishment.
Voilà Cassavetes ! Annick Delacroix « soupçonne d’ailleurs [le cinéaste] d’avoir eu recours aux névroses de toute nature, comme celle qui rend la compagnie de l’un ou l’autre sexe insupportable et magnétique à la fois, pour ménager […] [ses] effets ».
Voilà Cassavetes, se racontant lui-même ! « J’ai toujours pu travailler avec tous ceux qui ne cherchent pas la réussite. Les musiciens de jazz ne visent pas le succès… Ils ont ces petites armes en fer blanc, mais ils ne tirent pas. Ils ne vont nulle part. Le musicien de jazz ne s’intéresse pas à la vie structurée, il veut tout simplement vivre cette soirée, comme un gosse ».
C’est un pari réussi, Monsieur Martin Valente.
C’est une immense envie qui me reprend de revoir ces films, alors que là je suis au boulot, ce qui fait que je vais devoir attendre ce soir. Vous ne me facilitez pas la tâche. Mais soit, que diable, allez je vous pardonne et vous sait gré d’avoir réuni pleins de gens extrêmement intéressants pour parler d’un artiste diablement talentueux. Tout votre bouquin est sincère, vrai, brut, comme un Cassavetes.
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