Une époque qui s’éteint le fait, en brillant.
Chien du Heaume n’est pas un nom. A peine un qualificatif métaphorisant la façon dont cette femme lourde et laide, mercenaire dans un monde d’hommes, se bat. Elle a un trou béant à la place de son enfance qu’elle cherche désespérément à combler, et c’est comme cela que son corps va se mettre en route, traverser les campagnes et les villes jusqu’au château des brumes.
Bruec est le chevalier Sanglier, car, tel la bête, il remonte progressivement la lance qui le transperce pour atteindre le fils de putain qui la tient, pour survivre. Mais pourquoi alors reste-t-il cloîtré dans son château des brumes ? Parce que le monde alentour est plein d’ecclésiastes en tout genre qui maudissent et culpabilisent les hommes afin qu’ils s’écartent du pêché de chair. Parce que les gens d’Église ne veulent pas que les femmes tiennent les armes. Or Bruec cherche des yeux le cœur de Chien du Heaume, car les deux organes vitaux sont ceux d’une même race, d’une race qui s’éteint.
Alors, même sans espoir, il faudra se battre et être cruel, déraisonnable, trompeur, horrible. Même sans espoir, il faudra se dépêtrer avec ce que l’on est, peindre le tableau de sa décadence. La Salamandre, ce chevalier maléfique qui ne laisse jamais voir son visage est là pour veiller à ce que la vie resplendisse, même dans les coins les plus sombres. Sinon, elle doit mourir, et c’est là l’office du chevalier sans tête, pour laisser sa place.
« Chien du Heaume » de Justine Niogret fait résonance à des films comme « Promenade avec l’amour et la mort » de John Huston, à des livres comme « Madame Bovary » de Flaubert, ou l’on assiste à la traversée d’un personnage vers lui-même.
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