C’était un lundi gris et chaud. Nous étions déjà en mai, mais le ciel refusait toujours de dévoiler ses atours estivaux. Je détestais ce temps, il me rendait nerveux. Je suais à grosses gouttes. En desserrant le noeud de ma cravate de façon à accueillir un peu d’air frais dans ma trachée, si toutefois cela était possible, je me dirigeais vers le bar. Arrivé à destination, je m’accroupis devant la table basse ou je rangeais alors mes bouteilles, l’ouvris d’un coup sec et opinait du chef quelques secondes, me demandant quel alcool j’allais pouvoir utiliser pour faire passer cet après-midi qui n’en finissait pas.
Je jetais mon dévolu sur une bouteille de scotch de douze ans d’âge. Celle-ci m’avait été offerte en complément de mes honoraires par un courtier en assurances véreux, à la suite d’une filature effectuée sur sa morue de femme qu’il soupçonnait de le tromper. J’attrapais un verre, le remplis du précieux nectar. Je bus son contenu d’un trait – délicieux, et me mis à gamberger….
Il fallait bien que le gaillard ait lu quelque part qu’un scotch de cet acabit, c’est de l’or pour se rincer le palais. Mais il y avait plus : des guignols l’auraient donc fait changer d’avis ? Pourquoi n’avait-il pas cru les pubs qu’on voit sur les bords de l’autoroute qui vantent les mérites du coca-cola, appropriés à la grandeur de l’homme moderne ? Tout ça me laissait songeur…
Je décidais de commencer cet enquête en partant du constat très simple qui fait apparaître qu’aucune relation mimétique que nous entretenons avec une œuvre de culture ne prévaut sur une autre, dans sa réception. Il existera toujours un individu pour qui le livre que vous avez détesté aura une influence majeure. Il existera toujours quelqu’un pour remettre en cause la valeur de vos goûts culturels, valeurs dont vous êtes intimement persuadé du caractère absolu. L’influence des œuvres de culture est déterminante pour chacun de nous puisque, de ces dernières, nous retirons un certain nombre de valeurs morales que nous tentons d’appliquer à notre vie de tous les jours. Et c’est là que se situe le paradoxe et le noeud du problème : si l’apprentissage que nous retirons des œuvres de culture semble être soumis au relativisme le plus pauvre, comment se fait-il que nous en retirions les valeurs les plus absolues ? Et, inversement, si le relativisme est de rigueur, l’identité du sujet est-elle pour autant contrainte à l’incomplétude ?
Zut, j’étais tombé sur une sacré tuile. Comment allais-je faire pour résoudre ce paradoxe ?
Une seule solution s’offrait à moi : m’inscrire dans un cursus universitaire de Philosophie.
Après avoir franchi les échelons de la Licence, je pus enfin m’atteler à la résolution de cette enquête. Les pages que vous trouverez ci-dessous sont le compte-rendu détaillé de mon enquête. Je voudrais croire que ma santé mentale n’a pas souffert lors de cette investigation, mais j’en doute. Il est des soirs ou je doute de la réalité des choses elles-mêmes. Aussi, avant que mon esprit disparaisse dans le maëlström qu’il a lui-même causé, j’aimerais vous confier les fruits de mon enquête. Je détesterais tomber dans l’oubli…
Titre & plan du mémoire :
Introduction :
Partie I : le sens cognitif de la mimesis
Partie II : la mise-en-intrigue
Partie III : le monde du texte et son appropriation
Partie IV : par le souffrir, le comprendre
Partie V : un effort pour exister
Conclusion & Bibliographie :
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